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Innovation
FASO
07 juillet 2025

Impulse ouvre la voie à plus d’autonomie protéique en élevage

Réduire le soja importé sans perdre en performance : c’est le pari relevé par Impulse ! Ce programme de déploiement local place les protéagineux au cœur de la transition vers l’autonomie protéique des élevages.

Lancé en 2021 et achevé fin 2023, le programme Impulse bouscule les pratiques expérimentales pour améliorer l’autonomie protéique des élevages français et réduire leur empreinte carbone.

Financé par Sofiprotéol grâce aux cotisations interprofessionnelles (CVO) de la filière des huiles et protéines végétales, il fait désormais référence dans l’alimentation des porcs et des volailles.

Ainsi, Impulse évalue des alternatives locales au soja importé, avec un focus sur les protéagineux sélectionnés et traités de manière adaptée (féverole PRODIVAL). Le dispositif mesure également les co-bénéfices : baisse des émissions de gaz à effet de serre, amélioration de la qualité des sols via la rotation et maintien des performances techniques.

Chaque formule alimentaire est analysée en détail pour optimiser son efficacité économique.

© Philippe Montigny

 

Une méthode expérimentale innovante, collective et pragmatique

Piloté par Valorex, le programme Impulse s’appuie sur une méthode scientifique innovante, multiscalaire et ancrée dans le terrain. En effet, la coopérative Terrena (Loire-Atlantique) pilote son déploiement dans les élevages de volailles de chair, tandis que l’entreprise Tromelin Nutrition (Finistère) développe les rations pour les porcs.
Dans ce cadre, les partenaires s’appuient sur les données issues du projet Proleval *(Valorex, Inrae) pour concevoir leurs formulations. De plus, ils utilisent le procédé breveté de cuisson sous pression de la féverole mis au point par Valorex. Puis, en lien direct avec les éleveurs, ils ajustent les recettes et suivent les impacts techniques, économiques et environnementaux.

Volailles, baisse de 5 % de l’empreinte carbone avec la féverole

Chez Terrena, les poulets de chair de la marque La Nouvelle Agriculture bénéficient de rations reformulées avec de la féverole cuite produite par Valorex. Comparées aux rations classiques à base de soja, elles permettent une baisse de 5 % de l’empreinte carbone, soit de 496,1 à 471,7 g eqCO₂/kg d’aliments. Ce gain résulte de la suppression totale du soja en fin de croissance et de la réduction de son usage en phase de démarrage. De surcroît, le programme nutritionnel reste calé sur un poids standard des poulets de 1,9 kg.
Mais, la féverole seule ne suffit pas à remplacer entièrement le soja car il contient 50 % de protéines en plus. La solution ? Un complément avec du tourteau de tournesol, dont l’apport augmente alors d’environ 30 %.
Globalement, les surcoûts de cette transition varient selon les formules et les cours jusqu’à 11 €/t par rapport au soja OGM. En revanche, le coût de la décarbonation diminue avec un aliment non OGM : environ 15 €/t eq CO₂, contre 45 €/t eq CO₂ avec du soja OGM.

Porcs, diminution de 50 % de la consommation de soja importé

De son côté, Tromelin Nutrition évalue un programme bas carbone dans six élevages de porcs. Dès lors, le fabricant utilise la féverole cuite sous pression, associée à de la féverole française et du soja métropolitain.

Dans la ration, la part de soja importé chute alors de 50 %. L’objectif de réduction est atteint ! Par ailleurs, ce changement entraîne une hausse de 7,1 % des apports en tourteaux de colza et de tournesol.
Sur un an, les émissions de CO₂ baissent de 26,5 %, soit 1 716 t eq CO₂ économisées.
Les performances techniques restent au rendez-vous : consommation stable, taux de muscle constant et gain moyen quotidien en hausse dans certains élevages (+5,7 %).
Le coût de cette transition s’élève à 22,66 €/t de CO₂ évité, soit 1,40 € par porc.

Une valorisation active des travaux sur la transition protéique

Depuis fin 2023, les résultats du programme Impulse circulent. Plus de 300 professionnels les ont découverts lors du congrès One Health de Bleu-Blanc-Cœur à Rennes (9 novembre 2023). Ils ont aussi été partagés lors du Space 2024 à Rennes (17-19 septembre) et au Sommet de l’élevage à Clermont-Ferrand (1er au 4 octobre 2024). Enfin, ils sont relayés via des fiches, webinaires et réunions techniques.

Sur le terrain, ces données inspirent déjà de nouvelles pratiques. En effet, Bleu-Blanc-Cœur les intègre directement dans ses cahiers des charges dans le cadre de son plan de progrès environnemental. Les partenaires industriels s’engagent également. Par exemple, Tromelin et Terrena investissent dans de nouvelles lignes de cuisson des aliments et de stockage.

Néanmoins, pour assurer la pérennité financière après le projet d’un aliment moins dépendant au soja brésilien, de nouvelles alternatives protéiques sont à explorer. Ainsi, le lin oléagineux, le colza et le soja métropolitain pourraient entrer dans les recettes. « Les partenariats stratégiques et les financements externes joueront un rôle clé dans la réalisation de ces initiatives, transformant l’industrie agro-alimentaire et répondant aux attentes croissantes pour des solutions durables et innovantes », conclut Mathieu Guillevic, ingénieur R&D chez Valorex.

* Le projet Proleval a été réalisé grâce au soutien de BPI France (Programme d’investissement d’avenir).

 

Impulse et la transition protéique : levier de création de valeur pour Bleu-Blanc-Cœur

Grâce aux résultats et à la méthode du programme Impulse, la filière Bleu-Blanc-Cœur ajuste ses exigences environnementales : réduction du soja importé, seuils minimaux de légumineuses locales, baisse de l’empreinte CO₂. L’approche est co-construite, évolutive, avec un suivi du surcoût et de l’impact. Ainsi, ce cadre technique maximise les bénéfices environnementaux pour un coût maîtrisé. C’est un levier de différenciation durable pour les éleveurs comme les transformateurs… et une valeur ajoutée visible pour le consommateur.

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